Greffe Cartilagineuse

Qu'est-ce que c'est ?

Il s’agit de remplacer un trou de cartilage (défect), devenu douloureux, par une ou plusieurs carottes ostéo-cartilagineuses.

Deux causes peuvent être à l’origine d’un défect cartilagineux :

L’ostéochondrite : c’est une nécrose ( =mort cellulaire spontanée) de l’os qui est directement au contact du cartilage. Si cette nécrose est importante, le cartilage perd sa solidité d’ancrage et peut même se décrocher du cartilage environnant, devenant alors libre dans l’articulation.
Un traumatisme entre les deux surfaces articulaires peut également aboutir à un décrochage d’un fragment cartilagineux.
Le cartilage n’est pas vascularisé et n’a pas la capacité de cicatrisation, contrairement à l’os. L’os est donc un excellent greffon.

Il est donc nécessaire, pour greffer du cartilage, d’utiliser une carotte ostéo-cartilagineuse afin que le cartilage reste solidaire de l’os, qui a de bonnes qualités de cicatrisation.

La culture de cellules cartilagineuse, dites « cellules souches » est possible aujourd’hui mais les résultats ne sont pas aussi probants qu’attendu.

La chirurgie consiste à enlever le fragment libre, ou, si le volume le permet, à le repositionner sur sa zone native.

Si cela n’est pas possible, je retire le fragment libre et je comble le défect par une ou plusieurs carottes ostéo-cartilagineuses.

En fonction de la taille du défect, cette chirurgie peut-être réalisée sous arthroscopie ou à ciel ouvert.

Il est très fréquent de devoir y associer une Ostéotomie Tibiale de Valgisation (voir OTV).

Durée d’hospitalisation

1 à 3 jours

Compter 1 à 3 jours d’hospitalisation.

Le retour à domicile est systématique.

Modalités post-opératoires

Prendre un traitement préventif contre la phlébite (anticoagulant), tous les jours pendant la durée déterminée par votre chirurgien. Il est parfois administré par une injection sous cutanée, nécessitant le passage d’une infirmière à domicile. Selon les cas, je vous demanderai de porter des bas de contention durant la même période.

Réaliser des soins de pansement par une infirmière à domicile 2 à 3 fois par semaine pendant une dizaine de jours. Les fils sont souvent résorbables, sinon il faut que l’infirmière les retire après 15 jours, comme les agrafes.

Prendre des traitements contre la douleur et des anti-inflammatoires: Les suites immédiates postopératoires peuvent être douloureuses, mais de manière surprenante, elles sont souvent moins importantes qu’après une prothèse de genou. Tout est fait pour diminuer ces douleurs. Il faut donc être bien observant de la prise médicamenteuse et bien glacer le genou.

Rééducation

0%
6 semaines
0%
8 semaines

La rééducation est débutée à la clinique, immédiatement après l’intervention.

La marche avec béquilles est reprise le jour même à l’aide d’un kinésithérapeute.

L’appui sur le membre opéré est habituellement non autorisé pendant 6 semaines.

La plupart des chirurgiens y associent une attelle de genou.

La rééducation est simple techniquement: il faut faire preuve de patience et mobiliser doucement le genou.

L’objectif principal est de retrouver des mobilités du genou optimales, le plus rapidement possible tout en étant bien relâché.

Il faut lutter contre l’apparition d’un flessum (genou qui à du mal à se tendre complètement), et travailler la flexion.

Il faut dans le même temps mais sans urgence, renforcer les muscles de la cuisse.

Les cannes sont lâchées après 6 à 8 semaines post-opératoires.

La rééducation après une greffe cartilagineuse

Quels sont les risques péri-opératoires ?

L’infection

Les infections sont rares (entre 2 et 4/1000 chirurgies) mais la chirurgie articulaire tolère très mal l’infection. Si elle survient, cela nécessite obligatoirement une reprise chirurgicale pour un lavage puis une antibiothérapie adaptée aux germes identifiés.

Comment la prévenir :

Respecter les douches préopératoires.

Enlever tout vernis.

Signaler toute plaie ou éruption cutanée avant l’intervention.

Prévoir les soins dentaires avant l’intervention si nécessaire.

Faire réaliser les pansements postopératoires par une infirmière diplômée.

Le retard de cicatrisation

La peau cicatrise souvent très bien mais parfois, ses capacités de récupération peuvent être altérées, entraînant une cicatrisation très lente (plus de 3 semaines), allant jusqu’à la nécrose. Dans ce cas, le remède est la patience et les soins infirmiers. Parfois la cicatrisation n’aboutit pas, il y a un risque qu’une infection se déclare puisque la greffe n’est plus en milieu stérile. Il faut alors ré-opérer afin de laver l’articulation et fermer de nouveau la peau.

Comment la prévenir :

Il faut être particulièrement vigilant sur la cicatrice, notamment lorsque le patient est diabétique ou fumeur. Les soins de pansement doivent être obligatoirement réalisés par une infirmière diplômée.

La phlébite

La phlébite est un caillot qui se forme dans les veines des membres inférieurs. Elle survient dans 2 à 3% des cas, malgré un traitement préventif thromboembolique. Le risque est la migration du caillot dans les poumons et l’embolie pulmonaire.

Comment la prévenir :

Un traitement préventif est systématiquement donné au patient.

Il est obligatoire pendant cette période de porter de bas de contention.

A quoi ressemble la cicatrice ?

Elle est antérieure et médiale (en dedans) au genou, et mesure environ 6 à 8cm lorsque le genou est en extension.

La chirurgie peut être réalisée partiellement sous arthroscopie si la zone greffée est inférieure à 1 cm2.

Quels sont les effets secondaires ?

La non intégration de la greffe
Il est possible que le greffon ne s’intègre pas à l’os.
S’il est rare que le greffon se décroche, il se peut que la non intégration entraîne des douleurs persistantes.
Le diagnostic de non intégration est souvent difficile et ne peut être envisagé avant 6 mois et à l’aide d’une IRM voire d’une scintigraphie.
Cela nécessite souvent une nouvelle chirurgie.

Les douleurs résiduelles
Même lorsque la greffe est intégrée, des douleurs d’effort peuvent persister.
Elles ne sont pas toujours comprises.
Il faut parfois être patient avant qu’elles ne régressent.
Cette chirurgie permet rarement d’obtenir un genou complètement indolore et « oublié ». Lorsque cette chirurgie concerne le genou (cas le plus fréquent), elle doit être associée à une ostéotomie de réaxation, si la zone de greffe concerne le pic de contrainte du membre non axé (voir OTV).

Que peut-on faire après une greffe ostéochondrale ?

Une fois la rééducation effectuée, les muscles renforcés, la greffe intégrée et l’éventuelle ostéotomie consolidée, il n’y a aucune limitation fonctionnelle.

Vous pourrez reprendre toutes les activités que vous souhaitez, mais peut-être que certaines pratiques seront difficiles

La course à pied n’est pas tellement recommandée. Au final, c’est votre ressenti et votre volonté qui décidera de vos activités physiques.

À qui s’adresse cette chirurgie ?

Elle est réservée aux patients jeunes, généralement de moins de 30 ans, présentant un défect isolé du cartilage, sans arthrose associée.

L’indication la plus fréquente est l’ostéochondrite du condyle fémorale interne du genou. L’oestochondrite de la cheville est une indication peu fréquente mais classique.

Concernant la hanche, il s’agit d’une indication expérimentale.