Ostéotomie Tibiale de Valgisation – OTV

Qu'est-ce que c'est ?

L’ostéotomie tibiale de valgisation (OTV) est une fracture contrôlée qui corrige une déformation.

Elle consiste à corriger l’axe mécanique d’un membre inférieur.

Cela nécessite de couper le tibia et de lui donner une inclination vers l’extérieur, selon l’angle défini en pré-opératoire.

Ensuite, une plaque et des vis fixées à l’os permettront de garder la correction bien en place.

Il convient ensuite d’attendre que la consolidation osseuse se produise, généralement après 6 à 8 semaines.

Le matériel sera retiré un an après.

Pourquoi se faire opérer ?

Il existe trois morphotypes du squelette du membre inférieur:

Axé : Les membres sont rectilignes (lorsque les chevilles sont jointes, les genoux se touchent)
Genu Varum : les membres forment un rond. (il existe un espace libre entre les genoux, lorsque les chevilles sont jointes). Il s’agit de la déformation la plus fréquente
Genu Valgum : les membres font une croix (lorsque les genoux sont joints, il existe un espace libre entre les chevilles). Il s’agit d’une déformation plus rare
Ces déformations sont physiologiques, et ne constituent pas une pathologie en soit. Cependant, elles ont un impact direct sur les contraintes mécaniques qui s’exercent sur le genou.

La déformation la plus fréquente chez l’adulte est le « Genu Varum » qui reproduit la démarche du « cow-boy ». Le compartiment fémoro-tibial interne du genou subit alors les contraintes mécaniques les plus fortes. Lorsque le cartilage interne commence à s’user, il devient douloureux.

La correction du genu varum par une Ostéotomie Tibilae de Valgisation -OTV- permet d’orienter les contraintes mécaniques sur l’ensemble de la surface articulaire femorotibiale et soulager ainsi le compartiment interne mis à rude épreuve.

Cela permet de faire disparaître les douleurs, d’améliorer les mobilités du genou, de reprendre des activités quotidiennes physiques et sportives satisfaisantes et ainsi d’améliorer la qualité de vie.

Cette chirurgie est réservée aux patients jeunes de moins de 50 ans, présentant une arthrose radiographique modérée du compartiment interne. Entre 50 et 60 ans cette intervention sera envisagée en concurrence avec une prothèse de genou.

Durée d’hospitalisation

1 à 3 jours

La durée d’hospitalisation varie de 1 à 3 jours en fonction de la récupération post-opératoire de chaque patient.

Le retour à domicile est systématique.

Modalités post-opératoires

Prendre un traitement préventif contre la phlébite (anticoagulant), tous les jours pendant la durée déterminée par votre chirurgien. Il est parfois administré par une injection sous cutanée, nécessitant le passage d’une infirmière à domicile. Je vous demanderai de porter des bas de contention durant la même période.

Réaliser des soins de pansement par une infirmière à domicile 2 à 3 fois par semaine pendant une dizaine de jours. Les fils sont souvent résorbables, sinon il faut que l’infirmière les retire après 15 jours, comme les agrafes.

Prendre des traitements contre la douleur et des anti-inflammatoires: Les suites immédiates postopératoires peuvent être douloureuses. Nous, chirurgien et anesthésiste, mettons tout en œuvre pour diminuer ces douleurs. Il est important de prendre ses médicaments et de bien glacer le genou. Le relâchement physique et psychologique diminue le ressenti douloureux.

Rééducation

0%
6 semaines
0%
4 à 6 mois

La rééducation est débutée à la clinique, immédiatement après l’intervention.
La marche est reprise le jour même à l’aide d’un kinésithérapeute.
L’appui sur le membre opéré est habituellement non autorisé pendant 6 semaines.

La plupart des chirurgiens recommandent une attelle de genou, voire un plâtre pendant 6 semaines pour certains.
Pour ma part j’autorise mes patients a appuyer doucement , avec les cannes, en fonction de leur douleur.

La rééducation est simple techniquement, il s’agit juste de faire preuve d’un peu de patience et de mobiliser doucement le genou.
L’objectif principal est de retrouver une mobilité optimale du genou, tout en étant bien relâché.

Il faut lutter contre l’apparition d’un flessum (genou qui à du mal à se tendre complètement) et travailler la flexion.
Dans le même temps mais sans urgence, il faudra renforcer les muscles de la cuisse.

Les cannes sont lâchées après 6 à 8 semaines post-opératoires.

La rééducation après une ostéotomie tibiale de valgisation

Quels sont les risques péri-opératoires ?

L’infection

Les infections sont rares (entre 2 et 4/1000 chirurgies) mais la chirurgie articulaire tolère très mal l’infection. Si elle survient, cela nécessite obligatoirement une reprise chirurgicale pour un lavage puis une antibiothérapie adaptée aux germes identifiés.

Comment la prévenir :

Respecter les douches préopératoires.
Enlever tout vernis.
Signaler toute plaie ou éruption cutanée avant l’intervention.
Prévoir les soins dentaires avant l’intervention si nécessaire.
Faire réaliser les pansements postopératoires par une infirmière diplômée.

Le retard de cicatrisation

La peau cicatrise souvent très bien mais parfois, ses capacités de récupération peuvent être altérées, entraînant une cicatrisation très lente (plus de 3 semaines), allant jusqu’à la nécrose. Dans ce cas, le remède est la patience, et les soins infirmiers. Parfois la cicatrisation n’aboutit pas, il y a un risque qu’une infection se déclare car l’os n’est plus protégé par la peau. Il faut alors ré-opérer afin de laver le foyer d’ostéotomie et fermer de nouveau la peau .

Comment la prévenir :

Il faut être particulièrement vigilant sur la cicatrice, notamment si vous êtes diabétique ou fumeur. Les soins de pansement doivent être obligatoirement réalisés par une infirmière diplômée.

La phlébite

La phlébite est un caillot qui se forme dans les veines des membres inférieurs. Elle survient dans 2 à 3% des cas, malgré un traitement préventif thromboembolique. Le risque est la migration du caillot dans les poumons et l’embolie pulmonaire.

Comment la prévenir :

Un traitement préventif est systématiquement donné au patient.

Il est obligatoire pendant cette période de porter de bas de contention.

La non-consolidation (pseudarthrose)

L’ostéotomie est considérée comme solide après 2 mois, il faut parfois attendre quelques semaines supplémentaires. Dans de rare cas (entre 0% et 4%), l’os ne consolide pas et il faut prévoir une réintervention afin de greffer le foyer d’ostéotomie et obtenir la consolidation. Il s’agit d’une autogreffe d’os spongieux, qui est prélevée dans l’os du bassin par une courte incision près de la hanche.

A quoi ressemble la cicatrice ?

Elle est antérieure et médiale (en dedans) au genou, mesure environ 10 cm genou en extension.

Quels sont les effets secondaires ?

Le ressenti de la plaque de fixation
La plaque servant à fixer le tibia peut être ressentie sous la peau. Cela peut être un peu gênant. Il conviendra de la retirer 1 à 2 ans après l’ostéotomie.

Les douleurs résiduelles
L’objectif de l’intervention est de reprendre toutes les activités physiques et sportives possibles. Si le cartilage usé n’est plus soumis aux contraintes mécaniques, il n’empêche qu’il est toujours usé; il est donc fréquent d’avoir quelques douleurs de fatigues résiduelles.

Que peut-on faire après une ostéotomie ?

Une fois la rééducation effectuée, les muscles renforcés et l’ostéotomie consolidée, il n’y a aucune limitation fonctionnelle.

Le patient peut reprendre toutes les activités qu’il souhaite.

La pratique de la course à pied n’est pas tellement recommandée mais certains de mes patients continuent pourtant les courses de fond, au risque, il est vrai, de dégrader de manière un peu précoce le résultat, mais si cela participe à leur bonheur, je crois qu’il s’agit d’un risque raisonnable.

Pourquoi ne pas faire une prothèse d’emblée ?

Le résultat des prothèses de genou est aujourd’hui plus que satisfaisant, mais il ne permet pas au patient de pratiquer tous les gestes fonctionnels et sportifs, contrairement à l’ostéotomie.

En clair, une prothèse de genou chez un patient jeune avec une arthrose modérée voire sévère, ne répondra pas a ses besoins sportifs et fonctionnels, et ce patient jeune risque d’être déçu.

L’ostéotomie est un excellent compromis, car elle donne d’excellents résultats et ne limitera pas votre activité : certains sportifs professionnels encore en activité ont bénéficié de cette intervention.

Par ailleurs, lorsque l’ostéotomie est consolidée (et la plaque éventuellement retiré 12 mois après), aucune complication spécifique de cette intervention ne peut plus survenir, contrairement aux prothèses

L’ostéotomie peut sembler être un geste chirurgical agressif, mais en réalité, le geste chirurgical est bien maîtrisé et les suites assez simples , a condition d’être patient. Cela reste la chirurgie de référence pour les patients jeunes ou sportifs présentant une arthrose d’un compartiment du genou.

Durée de vie

Les études publiées admettent que la nécessité de recourir à une prothèse survient en moyenne 10 ans après l’OTV.

Ce chiffre est à moduler en fonction de l’âge du patient au moment de l’ostéotomie et de la cause initiale de la déformation corrigée. Plus le patient opéré est jeune et plus la longévité attendue est grande.

Si la déformation a récidivé, il est possible d’envisager une ré-ostéotomie chez un patient jeune (<50ans).